Communiqué de presse
Québec, 3 octobre 2021– Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) a appelé les femmes à se rassembler devant le CHUL en marge du rassemblement religieux anti-avortement afin d’affirmer le droit des femmes de contrôler leur corps et leur maternité et de revendiquer un meilleur accès à l’avortement libre, sécuritaire et gratuit.
Cette manifestation se veut une réponse à un rassemblement anti-choix appelé « Chaîne pour la Vie » où des personnes prient devant des cliniques d’interruption de grossesse pour dénoncer l’avortement. « Il était important pour nous d’être présentes aujourd’hui afin de ne pas laisser place à ces discours rétrogrades, misogynes et violents. Le discours de ces gens qui se disent pro-vie est dangereux; il menace la santé, la sécurité et la vie des femmes. Le droit à l’avortement a été gagné de chaudes luttes féministes et nous refusons de retourner en arrière », s’indigne Anne-Valérie Lemieux Breton, du RGF-CN. Rappelons que là où une loi interdit les interruptions de grossesse, les avortements ne cessent pas pour autant. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 300 000 femmes meurent chaque année de complications liées à la grossesse et à l’accouchement, notamment en raison d’avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité.
Les récentes attaques au droit à l’avortement aux États-Unis nous rappellent les dérives possibles ici, au Canada. Depuis le 1er septembre, il est interdit d’avorter au Texas après six semaines de grossesse. Au Canada, plus de trente ans après la décriminalisation de l’avortement, il est inacceptableque cette question soit de nouveau revenue sur la table lors de la campagne électorale fédérale et que le parti conservateur, pas plus tard que le mois de mai dernier, ait présenté un projet de loi visant à limiter l’accès à l’avortement, son 7e depuis 2007.
Plusieurs obstacles limitent le droit à l’avortement au Canada, tels que les temps d’attente, les lois restrictives, les distances à parcourir, la disponibilité de la pilule abortive, les inégalités d’accès selon le lieu de résidence, le statut migratoire. Des régions du Québec ont un accès limité à une clinique d’interruption de grossesse, la grande région de la Capitale-Nationale n’a plus qu’une clinique pour desservir toute la population depuis la fusion récente de la clinique de planification des naissances de l’hôpital St-François d’Assise et du CHUL. Le temps d’attente pour avoir un rendez-vous peut aller jusqu’à 4 à 5 semaines. De plus, au Québec, la pilule abortive n’est pas facilement accessible : les délais d’attente et les restrictions imposées par le Collège des médecins du Québec en limitent son utilisation. En 2020, c’est seulement 12 % des interruptions de grossesse qui ont été effectuées à l’aide de la pilule abortive. Faciliter l’accès à la pilule abortive auprès des médecins de famille et des infirmières praticiennes spécialisées du Québec permettrait d’éviter aux femmes de longs délais d’attente, de longues distances à parcourir, des coûts à défrayer, de l’inquiétude et du désarroi.
Pour le RGF-CN, le droit des femmes de contrôler leur corps et leur maternité est fondamental. « Tout doit être mis en oeuvre pour améliorer les services actuels et faciliter l’accès à l’avortement libre, sécuritaire et gratuit pour toutes les femmes, incluant celles qui ne sont pas couvertes par l’assurance-maladie publique, et ce en respectant le choix de la méthode et sans avoir à se justifier »,ajoute Anne-Valérie Lemieux Breton.
Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l’égalité des femmes entre elles, l’amélioration des conditions de vie.