Contre-manifestation pour le droit à l’avortement

Québec, 6 octobre 2024 – Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) a invité les féministes de la région à se rassembler devant le CHUL pour s’opposer à un rassemblement religieux anti-avortement. Les militantes souhaitent réaffirmer le droit des femmes, des personnes trans et non-binaires à choisir pour elles-mêmes et mettre en lumière les lacunes actuelles en matière d’accès à des avortements sécuritaires, libres et gratuits.

Le premier dimanche d’octobre de chaque année, des groupes anti-choix se réunissent pour tenir des « Chaîne pour la Vie » dans plusieurs villes et municipalités en Amérique du Nord. Les participant.es prient près de cliniques d’interruption de grossesse pour dénoncer l’avortement. Pour Anne-Valérie Lemieux-Breton du RGF-CN, c’était impensable de ne pas assurer une présence féministe : « on est présentes chaque année pour s’assurer que les discours violents et misogynes portés par ces groupes rencontrent une opposition. On ne peut tolérer ces tentatives de restreindre le droit et le pouvoir des femmes, des personnes trans et non-binaires de choisir leurs grossesses. Avec le possible retour en force au fédéral d’un parti Conservateur qui multiplie au fil des ans le dépôt de projets de loi anti-avortement, les attaques constantes aux États-Unis et ailleurs dans le monde au droit à l’avortement et l’annonce de la tenue à Québec de marches annuelles dites “pour la vie” par les groupes anti-avortement, la vigilance et la mobilisation sont de mises ! »

Les organisations anti-choix

Andréane Chabot du Centre Femmes d’aujourd’hui se dit pour sa part inquiète de la place qu’occupent ces groupes anti-avortement : « ces groupes s’immiscent dans les discours publiques grâce au lobbying politique qu’ils exercent, aux campagnes de désinformation, aux cliniques qui se présentent comme soutenant les femmes enceintes, mais qui ont un biais antiavortement, à des manifestations comme aujourd’hui ou même par de l’intimidation dans le but de décourager les personnes souhaitant se faire avorter ». D’après Action Canada pour la santé et les droits sexuels, ces stratégies ont des conséquences bien réelles, notamment quant à l’accès à de l’information véridique pour les personnes enceintes et la population générale, menant à l’incapacité de faire un choix libre et éclairé. Elles mènent aussi certains professionnel.les de la santé à modifier les soins offerts en raison du harcèlement qu’ils ou elles ont subi ou craignent de subir.

De nombreuses barrières d’accès

Plusieurs obstacles limitent toujours le droit à l’avortement au Canada, tels que le manque d’équipements et de personnel qualifié afin de prodiguer les soins nécessaires, indépendamment de l’avancement de la grossesse, les délais pour obtenir un rendez-vous ou encore les inégalités d’accès entre les régions ou selon le statut migratoire. Certaines personnes sont contraintes de quitter leur région ou même leur province sans que les frais liés à leurs déplacements ne soient remboursables. Par ailleurs, Anne-Valérie Lemieux-Breton demande au gouvernement d’être attentif aux nombreuses actions concrètes proposées par les groupes de femmes pour favoriser l’accès à l’avortement : « il existe plusieurs solutions : offrir gratuitement la contraception sous ordonnance, s’assurer que les professionnel.les de la santé fournissent de l’information complète aux personnes qu’ils et elles rencontrent, implanter des normes minimales pour les services d’avortement, comme un nombre maximum de rendez-vous ou encore financer les organisations pro-choix à la hauteur de leurs besoins ».

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