Québec, le 21 novembre 2024 – À quelques jours du lancement de la Campagne des douze jours d’action contre les violences faites aux femmes, le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) lance un cri d’alarme face à l’actuelle vague de féminicides.
Minnie Ivilla a succombé à ses blessures le 8 novembre, à la suite d’une attaque survenue en octobre à Puvirnituq. Le meurtrier, son petit-fils, avait été libéré un mois plus tôt malgré des accusations d’agression sexuelle et d’attaque à la hache. Ce meurtre marque le 25e féminicide connu en 2024, alors que l’année n’est pas encore terminée. À ce rythme, nous atteindrons, voire dépasserons le nombre de féminicides commis pendant la pandémie en 2021, année considérée comme une année de crise sur le plan des violences envers les femmes. Dans le dernier mois, il y a eu 5 féminicides au Québec.
« Combien de femmes des Premières nations ou Inuites sont victimes de féminicides dans le silence? Les femmes autochtones constituent le tiers des victimes de féminicides au Canada, alors qu’elles sont 5 % de la population. Nous constatons que les féminicides de femmes autochtones sont souvent moins médiatisés et davantage invisibilisés, ce qui nous porte à croire que le nombre de féminicides pourrait être beaucoup plus élevé, » souligne Élise Landriault-Dupont, co-coordonnatrice du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN).
Réunies devant le Palais de justice, les manifestantes ont voulu interpeller le gouvernement et le système de justice, qui échouent trop souvent à protéger les victimes de violence. Dans de nombreux cas de féminicides, les agresseurs étaient judiciarisés ou connus des milieux policiers. Ces meurtres auraient pu être évités.
Les meurtres de femmes et de filles sont la pointe de l’iceberg d’un continuum de violences normalisées et banalisées. Ces violences envers les femmes et les filles sont le fruit d’un rapport de domination des hommes sur les femmes. La société tolère et parfois même encourage ce type de domination, comme en témoignent les discours antiféministes et masculinistes. Phénomène très inquiétant, un récent sondage a démontré qu’au Canada, 40% des jeunes hommes entre 18 et 30 ans sont en accord avec l’affirmation que : « Le père de famille doit commander chez lui ». Les organisatrices la manifestation dénoncent fortement toute tolérance à l’égard de ce type de propos.
Pas une de plus
Devant l’urgence de la situation, le Regroupement des groupes de femmes exhorte le gouvernement et la ministre à la Condition féminine, le Ministre de la Sécurité publique ainsi que le Premier Ministre, à mettre en place un plan d’action d’urgence pour contrer les féminicides, dès maintenant !
« Il faut faire les changements nécessaires dans notre système de justice, pour que les agresseurs ne puissent plus récidiver ou poser des gestes violents en attente de leur procès. Il faut refuser de baisser les bras et d’accepter que d’autres femmes soient agressées, violentées, tuées. Plusieurs solutions sont déjà connues, comme augmenter le nombre de places en maisons d’hébergement et en maison de deuxième étape. Au cours de la dernière année SOS Violence conjugale n’a pu trouver de places en maisons d’hébergement pour la moitié des femmes demandant de l’aide. Vivement des investissements témoignant d’une réelle volonté politique! », scande Élise Landriault-Dupont, co-coordonnatrice du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN).